Quatre: C'est le nombre d'années qui viennent de s'écouler depuis mon big chop.
Le big chop est le processus par lequel on coupe ses cheveux défrisés pour ne laisser place qu'aux cheveux naturels.
L'anniversaire exact de mon big chop est le 28 juillet 2009.
Je dirai la date de ma renaissance. Etrange n'est-ce-pas? Et pourtant! Depuis ce moment j'ai l'impression de me redécouvrir chaque jour et notamment dans mon identité.
Je n'ai jamais eu de réel problème de cheveux à part lorsque je suis tombée malade en 2008. En même temps que j'ai perdu 40 kg en 6 mois, mes cheveux aussi tombaient.
C'est en écrivant ces mots que je réalise que j'ai fait mon big chop 1 an jour pour jour après le diagnostique de mon Basedow (hyperthyroïdie).
J'ai toujours eu de très longs, très "sains" et très "beaux" cheveux défrisés. "sains" et "beaux" car ma perception de ces 2 adjectifs a profondèment évolué ces dernières années.
Alors quatre dans la vie d'une "nappy" c'est quoi?
Très peu de doutes. Je n'ai JAMAIS eu envie de me REdéfriser les cheveux. Peu de doutes parce qu'en revanche j'ai eu des moments où je souhaitais me raser la tête. La raison principale en est que je ne suis pas très douée pour me coiffer alors que je rêve de faire des chignons et des bananes mais ça me lasse assez vite. Je ne suis en réalité pas très patiente comme fille.
Beaucoup de justifications. Je ne me suis jamais autant justifiée sur un fait que celui de porter des cheveux naturels. Cela surtout lorsque je rentre au Sénégal. D'abord dans la famille, ensuite auprès de l'entourage. Dans un pays où on fait de la publicité à la radio pour des arrivages de lace wig à je ne sais combien de centaines de milliers de francs CFA, où les coiffeuses refusent catégoriquement de vous coiffer à cause de vos repousses apparentes ou encore se plaignent d'avoir mal aux doigts car elles tressent des cheveux crépus, autant vous dire que porter les cheveux naturels est un acte de bravoure.
Je sais que beaucoup pensaient que je craquerais bien assez vite et que j'avais succombé à cet effet de mode de la vague nappy mais que nenni!
Depuis que j'ai compris que je suis ma seule priorité, je prends bien soin de faire fi de l'avis d'autrui sur mes cheveux. Je ne prends plus le temps de me justifier. Je préfère éduquer. Pas à une grande échelle. Je n'ai pas cette prétention mais ne serait-ce que dans mon entourage.
Mes 2 cousines de 16 ans et 20 ans sont aujourd'hui naturelles. Non pas pour faire comme leur dada (grande soeur au Bénin) mais parce qu'elles ont pris conscience bien plus tôt que moi de l'importance d'avoir un cheveu sain.
Je parlais d'identité retrouvée grâce à mes cheveux. J'avoue que je ne me sens pas plus particulièrement noire qu'avant, mais avec cette démarche du retour au naturel, j'ai commencé à m'intéresser un peu plus la beauté de la femme noire notamment les problématiques liées à la dépigmentation.
Dans ma famille par exemple (oui elle est si loin mais définitivement très présente dans ma vie), 75% des personnes ont la peau très claire. J'aurais pu bêtement être complexée d'avoir la peau beaucoup plus foncée que les autres mais par chance, nos mamans nous ont très tôt sensibilisé par rapport à la beauté de notre peau.
Je trouve aussi que mon style s'est affirmé avec ce port des cheveux naturels. Je prends plus de risques, je n'ai plus peur de la couleur (pas du tout alors!), je mets un point d'honneur à valoriser les vêtements de mon continent. J'ose dire que j'ai beaucoup plus confiance en moi. Oui oui, tout cela grâce à mes cheveux!
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Copyright Sweet Roses Photographie |
Mais je n'oublie pas une chose fondamentale: celle que ce ne sont QUE des cheveux et par conséquent je n'ai pas besoin de me prendre la tête avec leur entretien.
Vais-je fâcher la nappy hair police en affirmant que je n'ai toujours pas de réelle routine? En tous cas je ne saurai pas vous donner d'ordonnance capillaire détaillée ou de recette de potion magique pour la pousse des cheveux ou pour le volume, voire pour éviter qu'ils shrink (rétrécissement du cheveu).
Ma salle de bains regorge de produits en tous genres mais si je dois citer quelques marques, je dirais Shea Moisture dont j'utilise les shampoings notamment celui au savon noir pour clarifier (nettoyage en profondeur) mes cheveux 1 fois par mois.
Je rajouterais aussi le leave-in conditionner de Koils By Nature (en vente uniquement aux USA) que j'utilise pour faire mes vanilles après le shampoing.
Sinon c'est karité, huile de ricin de temps en temps mais l'odeur m'incommode beaucoup, et huile d'olive.
Je sais que je ne fais pas assez de masques, cela aiderait mes cheveux qui sont un peu secs en hiver mais rien n'y fait, je n'y arrive pas!
Ah et j'essaie de me nourrir convenablement et de boire de l'eau car mes cheveux sont souvent le reflet de mon alimentation. Notez aussi que depuis un an que j'ai repris le "sport" je sens qu'ils ont plus fière allure et récemment après 2 mois entre les températures du sud des Etats-Unis et du Sénégal, ils ont bien poussé. Bon, peut être aussi que mes cheveux ne poussent qu'en été? Je ne sais pas.
Ah autre chose: je n'ai coupé les pointes que quatre fois en quatre ans. Ohlalala! Pas bien! Felicia Leatherwood guru du cheveu naturel préconise de les couper toutes les 8 semaines. Bien.
Côté coiffures, je disais plus haut que je ne suis pas très douée alors j'ai adopté 3 coiffures qui me conviennent parfaitement: le twist out (vanilles défaites que je peux garder pendant une semaine environ), des braids ou des vanilles faites par une coiffeuse et de temps en temps un afro boule mais ça c'est pour les grandes occasions, celles où je veux crâner.
Je fais aussi un afro-puff à chaque fois que la masse de cheveux à démêler me fait fuir: reculer pour mieux sauter ou pas.
Je ne saurais terminer sans remercier Estelle qui m'a dit le 28 mars 2009 : "tu serais mignonne avec un afro boule". Je lui avais ri au nez. Quatre années séparent ces 2 photos, avec elles un nouvel état d'esprit et une autre histoire:celle de variation de mon poids. On en reparle dès que je serai prête. :-)